Restauration d'armes.

8.RAFRAICHISSEMENT D'UNE CARABINE DE SPORT DE S. LAGAUCHE A LIEGE

Notre Webmaster me confie une belle carabine liégeoise qui a besoin d'un rafraîchissement. L'arme est à première vue en bon état, mais un peu sale, et de plus entièrement couverte d'une couche indéfinissable de vernis ou de peinture. Pour le reste, elle a l'air complète et fonctionnelle. Mais elle est à mes yeux un véritable mystère, comme nous allons le voir plus loin.

IDENTIFICATION

- Carabine de sport de calibre 6 mm à un coup

- Canon lourd, octogonal, muni d'une hausse à glissière portant à 1600 m, et d'un guidon réglable. Rayurage 5 à droite

- Platine de type Warnant classique avec chien très massif

- Pas de culasse ni d'obturateur

- Extracteur à oreilles très large, muni d'un trou central pour l'introduction des cartouches.

- Belle crosse en noyer de choix, pourvue d'un repose-joue et d'une plaque de couche enveloppante rappelant celles des fusils suisses

- Le fût présente également les deux joues plates caractéristiques des Warnant à hauteur de la platine

- Grand pontet à festons servant également d'appui au tir.

Marquages:

- Sur la platine, perron liégeois et A étoilé, n° 866

- Chien côté gauche: perron liégeois et A étoilé

- Canon: sur le pan supérieur: S LAGAUCHE A LIEGE, ainsi que sur le pan inférieur gauche sous le bois. Sur le pan vertical gauche: ELG* dans ovale couronné, perron liégeois, A couronné et R couronné - mention FL.6 m.C, n° 866

- Sur le dessous: MARIETTE, lettres J B, IBL et chiffre 9

Cette carabine a donc sans nul doute été fabriquée par l'armurier S Lagauche, qui semble avoir utilisé un canon provenant de chez Mariette (?).

Le mystère se trouve au niveau de la mention FL 6 m.C, qui à première vue est l'indication du calibre Flobert. La Flobert étant une munition sans poudre, destinée au tir de salon avec des armes à âme lisse, on peut se demander ce qu'une telle mention vient faire sur une arme pourvue d'une hausse permettant le tir à longue distance, avec un canon lourd pour absorber le recul, et de plus rayé. De plus, à ma grande surprise, la chambre accepte sans problème une cartouche de .22 Long Rifle, et peut-être même une .22 Magnum.

Encore plus curieux est le fait que cette arme n'ait pas de culasse. A l'arrière du canon, entre le chien et la chambre, se trouve une plaque à oreilles, articulée sur un axe transversal et percée d'un trou juste en face du canon. Cette plaque sert à maintenir la cartouche en place, et à extraire la douille après le tir. C'est donc le chien lui-même qui sert d'obturateur au moment de la percussion. Il n'y a pas de culasse.

La platine Warnant, très simple dans sa conception, peut être adaptée à différents systèmes. On la retrouve couplée à des systèmes à bloc roulant ou encore à tabatière; mais je n'avais encore jamais eu l'occasion d’en observer une pareille.

EXAMEN APPROFONDI ET DIAGNOSTICS

Aucun problème de démontage. Toutes les vis, pourtant serrées à fond, se laissent dévisser sans difficulté. L'intérieur de l'arme est propre et sec.

Bien qu'en bon état général, avec un mécanisme qui fonctionne très bien, la carabine présente les défauts suivants:

- Toute l'arme est couverte d'une couche de vernis, appliquée au pinceau, sans doute destinée à la protéger de la saleté et de la rouille. C'est vilain, mais ça a l'avantage d'être efficace. Il va donc falloir décaper tout ça.

- Le canon porte quelques traces de piqûres et a besoin d'être re-bronzé.

- Le pontet et la plaque de couche, à l'origine jaspés, ont perdu leurs couleurs; on a visiblement tenté de donner un aspect jaspé à ces pièces en les exposant à la flamme d'un chalumeau... Ce n'est pas bien réussi, car le traitement saute aux yeux.

- Le bloc de platine, le chien et la détente semblent  n'avoir pas été jaspés ni nickelés, mais plutôt laissés en blanc ou encore "trempés gris". (J'expliquerai plus loin ce qu'est la "trempe grise").

- Le bois présente quelques taches et enfoncements sans gravité, mais aussi une assez longue éraflure au niveau du pontet, qui a entamé le quadrillage.

- Trois ou quatre vis de supermarché sont à remplacer par des vis d'armurerie.

Plus de travail qu'on pourrait croire, mais je crois que je pourrai redonner à cette belle pièce un meilleur aspect.

Les photos ci-dessus montrent la carabine telle que je l'ai reçue, et démontée. La platine Warnant caractéristique est encore complète et sera démontée plus tard. On remarquera l'ingéniosité du système à ressort central, qui permet l'insertion de la platine complète sur n'importe quel modèle de fusil, et sa conception autorisant la combinaison avec différents systèmes d'obturation.

Le ressort de rappel de détente se trouve à l'arrière du bloc, fixé par une vis. C'est un ressort rectangulaire courbé, percé d'une fenêtre rectangulaire également, qui laisse passage à la massive queue du chien lorsque le mécanisme est à l'armé.

TRAVAUX A EFFECTUER

- Décapage de la couche de vernis sur toute l'arme

- Relevage des enfoncements et ponçage fin du bois

- Enturage de l'éraflure sur la poignée et raccord de quadrillage

- Teinture du bois et polissage à l'huile de lin (le propriétaire n'aime pas le vernis)

- Polissage du bloc-détente, de la détente et du chien

- Rebronzage à la flamme du chien et de la détente

- Polissage et éventuel rebronzage du pontet et de la plaque de couche (jaspage ?)

- Polissage léger du canon et rebronzage (à la couche à froid)

- Remplacement des vis modernes par des vis d'armurerie

DECAPAGE DU VERNIS

J'ai trouvé dans une grande surface, au rayon peintures, un gel décapant courant qui a l'avantage de n'attaquer que les peintures et vernis, sans aucun danger ni pour les colles, ni pour le bois, ni même pour le métal.

Je commence par la crosse, que j'enduis à la brosse d'une bonne couche de gel. Je pose ensuite la pièce de côté, et je procède de même pour le canon, la plaque de couche et le pontet.

Je laisse le produit agir pendant une vingtaine de minutes; le bois et le métal se couvrent lentement de boursouflures, au fur et à mesure que le produit décape le vernis.

Après 20 minutes, j'enlève les lambeaux de vernis à l'aide d'un simple linge sec.

La crosse demande un second traitement, mais les pièces métalliques sont débarrassées du vernis en une seule fois. Le vernis a complètement disparu, et toutes les pièces sont intactes.

J'effectue ensuite un léger ponçage du bois de la crosse, pour éliminer les derniers petits restes de vernis.

ENTURE DE LA POIGNEE - Phase 1

Une enture, c'est une pièce de bois neuf que l'on insère dans une crosse (ou une partie de meuble, une statue, etc) en remplacement d'une zone détruite, abîmée ou manquante. En deux mots, la procédure consiste à découper le bois autour de la zone endommagée, d'enlever celle-ci, et de remplacer le morceau endommagé par un morceau de bois (neuf ou ancien) de même essence, en respectant le plus possible le fil et les dessins de bois, de manière à rendre l'enture la moins visible possible.

Très facile à expliquer, mais la réalisation demande quand même pas mal de doigté.

Dans le cas qui nous occupe, une portion du bois de la poignée, dans la zone quadrillée, a été arrachée et est bien entendu perdue. L'endroit n'est pas des plus faciles à travailler.

A l'aide d'un ciseau à bois, je découpe prudemment une section rectangulaire dans le bois, aussi droite que possible, et pas trop profonde, de manière à pouvoir enlever toute la partie endommagée. J'essaie d'obtenir une découpe aussi régulière que possible en utilisant un couteau Stanley, une lime à bois et du papier émeri. Faire ce genre de découpe à main levée n'est pas chose aisée.

J'ai la chance de posséder un stock de bois de noyer; dans un morceau de planche, je coupe une pièce à la longueur de ma découpe, mais un peu plus large de manière à pouvoir la mettre en forme après collage.

Je donne à mon bloc une forme légèrement courbe de manière à épouser le mieux possible la forme de ma découpe dans la crosse, puis je le colle en place à l'aide d'une bonne colle blanche de menuisier. Ensuite je laisse sécher.

Je récupère ma sciure et mes copeaux de bois, qui me serviront à combler d'éventuels vides entre les parois de mon enture.

DEMONTAGE DE LA PLATINE

Pendant que sèche mon enture, je vais démonter et travailler le bloc-platine.

Il est à noter que ce genre de platine possède un ressort principal aussi fort que ceux des platines à silex, ce qui veut dire que son démontage est malaisé et dangereux.

Malaisé à cause de la force du ressort, et dangereux car s'il vous saute à la figure, ce n’est pas triste. Cela vous vaudra de jolis surnoms genre "Le Balafré" ou "Le Cyclope".

Pour éviter ce genre de joyeusetés, j'arme la platine puis je la serre tout simplement dans mon étau.

Je démonte ensuite la détente et son ressort de rappel, puis l'axe du chien (lequel est assuré par une petite contre-vis). Le chien étant maintenant libre, je desserre un peu mon étau jusqu'à ce que je puisse dissocier sa chaînette de la fourche du ressort.

Enfin, je desserre mon étau progressivement pour libérer le ressort. Et voilà.

La photo 20 montre la platine entièrement démontée. On voit tout de suite sa simplicité et son petit nombre de pièces. C'est un mécanisme robuste, fait pour durer.

POLISSAGE

Le bloc de platine étant complètement noyé dans le bois de la crosse lorsque l'arme est montée, il ne me faut traiter que sa partie supérieure apparente, et la queue de culasse. N'ayant aucune idée de la finition originale de cette pièce (poli blanc je pense), je décide de la polir miroir. Quant au chien et à la queue de détente, je vais également les polir puis les bleuir à la flamme; même si ce n'est pas leur traitement d'origine, ces couleurs se marieront bien avec le bleu du canon et le poli blanc du bloc.

Je polis à la main, en commençant par un papier émeri à grain 600, puis 800, puis 1000, et je termine par un tampon de laine d'acier très fine. Ce travail prend du temps mais donne un meilleur résultat qu'un polissage machine.

ENTURE DE LA POIGNEE - Phase 2

La colle a maintenant durci, et mon enture tient solidement. En principe je devrais encore la renforcer par une ou deux chevilles enfoncées jusque dans le bois de la crosse, mais je ne pense pas que cela soit indispensable pour un aussi petit fragment, qui ne doit supporter aucun poids ni traction de quelque ordre que ce soit.

Pour terminer cette enture, il me faut maintenant l'égaliser, lui donner la forme et les dimensions adéquates afin de l'intégrer le mieux possible au bois environnant; ensuite, je devrai faire - ou tenter de faire - un raccord de quadrillage sur le morceau ajouté, afin qu'il soit le moins visible possible. Mais cela fera l'objet d'une phase séparée.

Avec un couteau Stanley, une râpe légère, une lime et du papier émeri,  j'amène lentement mon enture au profil désiré, en lui donnant la courbe et le galbe du reste de la crosse. Je travaille doucement et fais attention à ne pas déraper sur le quadrillage intact qui entoure mon enture. En cours d'opération, je place aussi plusieurs fois le pontet en place, afin de vérifier qu'il puisse bien se replacer dans son logement. Il doit être ajusté sans forcer, sans quoi la pression finirait par décoller ou fendre mon enture.

Une fois mon morceau amené à niveau avec le bois environnant, les défauts deviennent évidents: ayant travaillé à main levée, je n'ai pas pu effectuer une jointure parfaitement exacte sur toute la longueur.

C'est ici que vont me servir les copeaux et la sciure que j'ai récupérés au début.

Je commence par combler les failles les plus larges en y enfonçant de minces copeaux enduits de colle; je les enfonce le plus loin possible et comble ainsi le plus possible de failles.

Ensuite je dépose un peu de colle dans une coupelle, que je mélange avec de la sciure provenant du bois de mon enture. Cette pâte à bois "maison" est bien meilleure que celle que l'on trouve dans le commerce, qui n'a jamais la teinte voulue, donne un effet de mastic de vitrier, et fait en plus des taches grasses sur le bois. Je comble tous les trous et inégalités de la jointure de mon enture avec cette pâte, puis je la laisse durcir.

Après durcissement, il faudra encore une fois poncer  pour égaliser, et éventuellement encore combler quelques vides oubliés.

Les photos montrent l'évolution de cette seconde phase.

Pendant que la colle durcit, je vais m'occuper de bleuir le chien et la détente, et remonter le mécanisme de la platine.

BRONZAGE A LA FLAMME DU CHIEN ET DE LA DETENTE

Je pense avoir déjà décrit cette opération dans un article précédent.

Je polis les pièces à rebleuir le mieux possible, puis les place sur un morceau de tôle que je chauffe sur mon fidèle réchaud de camping, jusqu'à ce qu'elles atteignent la teinte bleue désirée. Une fois ce stade atteint, j'éteins le feu et laisse refroidir le tout; en refroidissant, mes pièces devraient acquérir les reflets irisés caractéristiques du bleu à la flamme.

Là je suis cependant un peu perplexe: si la détente se colore bien d'une gamme de reflets bleus, le chien, quant à lui, refuse obstinément de se colorer. Quoi que je fasse, il ne dépasse pas le stade d'un léger gris-bleu qui ne ressemble à rien. Cela m'arrive de temps en temps, et je ne m'explique pas pourquoi une pièce d'acier refuse de bleuir quand on la chauffe. Je pense seulement - mais je ne suis pas certain - qu'il a pu être nickelé au départ, et que le placage nickel, bien que complètement disparu, a d'une manière ou d'une autre une influence permanente sur le métal.

ENTURE DE LA POIGNEE - Phase 3, raccord de quadrillage

On a raison de dire que le quadrillage est affaire d'homme de métier. Je ne possède ni le pilier à quadriller adéquat, ni la science de sa manipulation; ce qui revient à dire que le raccord de quadrillage que j'effectue sur mon enture à l'aide d'un crayon et d'un petit ciseau, n'est pas très joli. J'espère qu'il se confondra bien dans l'ensemble une fois le travail terminé. L'alternative est de refaire une nouvelle enture.

REMONTAGE DE LA PLATINE

Cette opération s'effectue en sens inverse de celle du démontage. Je commence par remettre le ressort en place dans son logement sous le bloc de platine, puis je pince le tout dans mon étau (voir photos plus haut). Il faut bien faire attention à replacer le ressort convenablement et bien droit dans l'étau.

Ensuite je replace le chien dans son logement, et j'accroche sa chaînette à la fourche du ressort avant de remettre sa vis-axe en place. Puis je visse à fond la vis-axe, et je la rebloque avec la petite vis de blocage prévue à cet effet.

Une fois cela fait, je relâche un peu mon étau pour que la chaînette du chien ne puisse plus quitter le ressort sans crier gare, puis je remets la détente en place avec son axe.

Enfin, je replace le ressort de rappel de la détente. Dieu sait pourquoi, quelqu'un avait intercalé une entretoise de carton entre ce ressort et le bloc de platine. Cela n'est d'aucune utilité, donc je supprime.

Une fois le mécanisme remonté, je le fais fonctionner une fois ou deux: tout marche bien, voilà donc encore une phase de terminée.

RECUPERATION DES COULEURS DU JASPAGE

Après un léger polissage, je présente le pontet et la plaque de couche à la flamme de mon réchaud en les plaçant sur la grille autour du brûleur, de sorte que la température soit différente d'un point à l'autre des pièces. Ce traitement, bien surveillé, fait revenir de belles teintes jaspées dans le métal, qui ont bien plus bel effet que le travail au chalumeau de mon prédécesseur.

Je démonte également la hausse (7 pièces !) et l'extracteur, que je pose sur une plaque de tôle sur mon feu. Là aussi, le jaspage évolue favorablement.

REBRONZAGE DU CANON A LA COUCHE A FROID

Le canon ayant quand même besoin d'un rebronzage, je l'ai légèrement poli pour niveler les irrégularités et enlever le bronzage précédent.

Je ne peux cependant pas le rebleuir à chaud suivant ma méthode habituelle, parce qu'il est trop long pour l'installation dont je dispose.

Pour un bronzage réussi, il faut que la température soit égale sur toute la pièce; or, ce canon est trop long pour mon four. Ne disposant pas par ailleurs de salpêtre pouvant être fondu,  je me vois donc forcé d'utiliser la méthode de bronzage à froid, par couches de liqueur successives.

Certains diront que le bronzage obtenu de cette manière n'est valable que pour des pièces d'exposition, parce qu'il s'abîme très vite sur une arme que l'on utilise couramment; je nuancerais cependant quelque peu cette opinion.

Si on prend le temps d'appliquer la liqueur de la bonne manière, on obtiendra un bleu soutenu, bien couvrant, et pratiquement aussi solide que celui obtenu par chauffes successives. On pourra utiliser l'arme sans craindre de voir le bronzage disparaître dès les premières manipulations.

Je ne citerai bien entendu pas de marque de produits ici; disons simplement que je vais utiliser la célèbre liqueur de fabrication américaine, qui se vend chez tous les armuriers dans les non moins célèbres petites bouteilles bleues. En France, j'utiliserais une autre liqueur, tout aussi efficace et également contenue dans de petites bouteilles bleues, commercialisée par les descendants d'un illustre armurier français du 19è siècle se prénommant Casimir.

Pour faciliter le travail, je coince un tournevis dans mon étau, je couvre la lame d'un bout d'étoffe, et je plante mon canon dessus, de manière à ce qu'il soit à la verticale.

Je prépare ensuite un récipient contenant du trichloréthylène (ou un autre dégraissant ménager), un autre contenant un peu de la liqueur de bronzage, un seau d'eau froide, trois éponges propres, un tampon de laine d'acier fine et quelques chiffons propres.

Il faut absolument éviter tout corps gras, qui provoquerait des taches dans le bronzage.

Ensuite j'applique tout simplement le mode d'emploi indiqué sur la bouteille:

Avec la première éponge saturée de trichlo, je commence par dégraisser le canon. Je frotte bien dans tous les recoins de la culasse et du support de guidon, pour bien dégraisser partout.

Ensuite, je rince abondamment avec l'eau froide du seau, en utilisant une autre éponge, puis je sèche légèrement avec un chiffon propre.

Cela fait, je sature la troisième éponge de liqueur de bronzage, et j'applique une couche sur le métal. Je presse ensuite mon éponge, puis je lisse abondamment, en prenant soin de repasser plusieurs fois au même endroit pour bien étaler la couche et éviter les coulées.

Le métal se colore assez rapidement d'une couche bleue transparente.

Je laisse ensuite sécher pendant une dizaine de minutes; le canon, en séchant, va acquérir une vilaine couleur bleu-gris mate. Une fois sec, je le frictionne avec un nouveau chiffon propre, qui va enlever l'excédent mat, et j'examine la couleur du métal. C'est parfait, la première couche est très légère et transparente, et c'est ce qu'il faut.

Je recommence ensuite toutes les opérations décrites ci-dessus, en prenant bien soin de garder chaque éponge et chaque chiffon pour les mêmes travaux, de manière à éviter toute contamination. Il me faut trois couches pour atteindre la couleur qui me semble la plus belle.

Après le dernier séchage, j'enduis le canon d'huile fine (n'importe laquelle), et je frictionne légèrement avec le tampon de laine d'acier.

Je laisse ensuite le canon ainsi enduit d'huile jusqu'au lendemain. Il a acquis une belle couleur bleue profonde et uniforme, un peu plus légère au niveau des arêtes comme je le voulais (aspect "ancien"...) et qui tient très bien.

Je rappelle à ceux qui voudraient essayer cette méthode, qu'elle est très facile mais qu'ils doivent absolument l'appliquer comme ci-dessus, sous peine de taches claires dans le bronzage final, qui obligeraient à tout recommencer à zéro.

REMONTAGE DE LA PLATINE

Le canon terminé, je remonte l'extracteur et son ressort, puis le bloc de platine

, puis les organes de visée, et je remets le tout en place sur la crosse.

FACONNAGE DES VIS

On a vu au départ que certaines vis avaient été remplacées par des vis modernes très vilaines. J'ai dans ma réserve quelques vis à bois d'armurerie, mais je n'en possède pas assez. Je vais donc refaçonner quelques-unes des vis pirates pour les intégrer à l'ensemble.

Pour cette opération, je vais pour une fois faire appel à un appareil moderne, à savoir une perceuse électrique. Je la coince dans mon étau et je vais m'en servir comme d'un tour pour donner aux têtes des vis la légère courbure qu'elles doivent avoir.

Cette opération se fait en appliquant une lime contre la tête de la vis pendant qu'elle tourne dans le mandrin de la perceuse (photos 50 et 51). Je termine par un polissage fin au papier de verre puis à la laine d'acier, et enfin je bleuis mes vis de la manière habituelle.

REMONTAGE FINAL

Et voilà, il ne me reste plus qu'à remonter les garnitures et à passer un dernier coup de chiffon sur l'arme avant de la rendre à son propriétaire. J'aurais personnellement préféré revernir le bois au tampon, mais le propriétaire préfère un poli satiné à l'huile. Les goûts et les couleurs...

Marcel

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